"J'aime,
dis-tu,
mais par quel chemin dois-je suivre ?
Si le Seigneur ton Dieu t'avait dit :
Je suis la Vérité et la Vie,
dans ton désir de la vérité,
dans ta poursuite de la Vie,
tu chercherais de suite le chemin
pour parvenir à ces biens
et tu te dirais :
C'est un grand bien que la Vérité,
c'est un grand bien que la Vie ;
si seulement il existait un chemin
pour mener mon âme jusque-là !
Tu cherches par où aller ?
Ecoute celui qui dit en premier lieu :
Je suis le Chemin.
Avant de te dire où aller,
il a commencé par te dire par où aller :
Je suis, dit-il, le Chemin ;
où mène ce Chemin ?
Et la Vérité et la Vie [Jn 14, 6].
Il t'a dit d'abord par où aller,
il t'a dit ensuite où aller :
Je suis le Chemin, je suis la Vérité, je suis la Vie.
Demeurant auprès du Père,
il est la Vérité et la Vie ;
en se revêtant de la chair,
il s'est fait le Chemin.
Il ne t'est pas dit :
Travaille pour chercher le chemin
qui te mènera à la Vérité et à la Vie ;
non, ce n'est pas là ce qui t'est dit.
Lève-toi, paresseux,
le Chemin est venu lui-même jusqu'à toi
et il t'a réveillé de ton sommeil,
toi qui dormais,
si du moins il t'a réveillé ;
Lève-toi et marche [Jn 5, 8].
Tu essaies peut-être de marcher
et tu ne peux pas parce que tes pieds te font mal.
Pourquoi les pieds te font-ils mal ?
Ont-ils couru sous les ordres de l'avarice
à travers des terrains raboteux ?
Mais le Verbe de Dieu a guéri aussi les boiteux.
Regarde, dis-tu,
j'ai les pieds en bon état,
mais je ne vois pas le chemin.
Il a aussi illuminé les aveugles."
(Homélies sur l'Evangile de Jean, Tr 34, 9, pp. 139-141
(Bibliothèque Augustinienne, 73A).