12 décembre 2012 3 12 /12 /décembre /2012 05:06

Dans cette interview, au site « Pravoslavie i mir » (« L’orthodoxie et le monde »), le métropoliteDimitri (Shiolashvili) de Batoumi et Lazeti évoque la conversion des musulmans d’Adjarie à l’orthodoxie, ainsi que la personnalité de l’actuel patriarche-catholicos Elie II de Géorgie.

Vingt années, est-ce peu ou beaucoup ? Dans l’histoire de l’Adjarie, c’est toute une époque. A la fin des années 1980, la population était musulmane, il n’y avait qu’une seule église fonctionnant à Batoumi. Aujourd’hui, 75% des Adjars sont orthodoxes. Cette « métamorphose » de toute une région, cette conversion de l’islam à l’orthodoxie, ou plutôt ce retour aux sources, à la foi des ancêtres, s’est déroulée sous les yeux du métropolite de Batoumi et de Lazeti Dimitri et non sans sa participation active.
Neveu du patriarche de Géorgie Elie II, le métropolite Dimitri (de son nom séculier David Shiolashvili) est né le 16 février 1961 à Mtskheta. Il étudia au séminaire de Mtskheta, puis à l’Académie ecclésiastique de Moscou, où il acheva ses études en 1986 avec une licence en théologie. Son travail de diplôme était consacré à l’histoire ancienne de l’Église de Géorgie. Ordonné diacre en 1985, puis prêtre en 1986, il fut nommé à la paroisse Saint-Nicolas de Batoumi puis, en 1987 à la cathédrale Saint-Georges à Kasheti. En 1987-1988, il servit à Anchiskhati et enseignait les sciences liturgiques à l’Académie théologique de Tbilissi. En 1989, il fut élevé au rang d’archiprêtre et transféré à Batoumi. Cette nomination coïncidait avec le retour des Adjars à l’orthodoxie. En 1982, fut ouvert le monastère de Skhalt'a et des milliers d’habitants de la région qui étaient jusque là musulmans, furent baptisés. Le 13 mai 1991, 5000 musulmans et athées devinrent orthodoxes. La même année fut ouvert l’école ecclésiastique à Khulo et le lycée ecclésiastique Saint-André, la première école secondaire religieuse en URSS. Son recteur fut le père David. En 1993, il devint recteur du séminaire Saint-Jean-le-Théologien. En 1996, il prononça ses vœux monastiques et élevé au rang d’archimandrite, puis, en 1997, sacré évêque de Batoumi. En 2003, il fut nommé archevêque de Batoumi et Skhalt'a et en 2007 métropolite de Batoumi et Kabuleti, en 2009 métropolite de Batoumi et Lazeti. Depuis 2009, il est en outre administrateur des paroisses géorgiennes en Amérique du Nord et au Canada.

L’Adjarie entre l’athéisme, l’islam et l’orthodoxie
-  Monseigneur, lorsque vous avez été envoyé à Batoumi pour servir, combien y avait-il de fidèles orthodoxes adjars ?
-  Le diocèse était alors plus grand. Maintenant, il a été divisé en trois diocèses : la Haute Adjarie, la Gourie et l’Adjarie. Lorsque l’on m’a envoyé ici, c’était encore l’Union Soviétique, et on ne nous permettait pas l’accès de la Haute Adjarie. C’est précisément là que vivait la population locale (les Adjars sont des Géorgiens qui parlent le dialecte local, proche du mingrélien. À cette époque les Adjars étaient musulmans). À l’église Saint-Nicolas, la seule de tout le diocèse, il n’y avait qu’une seule famille croyante d’origine adjar (c’est notre patriarche qui l’avait convertie alors qu’il servait à Batoumi).
-  Qui étaient donc les paroissiens de l’église Saint-Nicolas ?
-  Des Russes, des Géorgiens de Gourie et d’Imérétie. Les habitants locaux ne venaient pas. Ils avaient une mosquée qui fonctionnait. Sachez-le, je puis le dire sans exagération : actuellement, près de 75% des autochtones sont orthodoxes (conformément au recensement de 2002). Or, à cette époque 75% de ceux-ci étaient musulmans.
-  C’est difficile à croire ! Comment expliquez-vous ce succès « catéchétique » ?
-  C’est la volonté divine. C’est un miracle de Dieu, inexplicable du seul fait de la prédication. Les habitants locaux musulmans respectent encore beaucoup le patriarche de Géorgie Elie II. Je reçus une fois une lettre d’un hodja de Haute Adjarie. Il demandait, dans la simplicité de son cœur : ne serait-il pas possible que le patriarche Élie dirige non seulement vous, les orthodoxes, mais aussi nous, les musulmans ? Vous vous rendez compte, quelle âme enfantine !
-  A Moscou, il y a quelques années, le père Daniel Sysoïev fut assassiné pour avoir prêché parmi les musulmans. Y avait-il ici des moments dangereux.
-  Il y en a eu, mais non aussi dangereux. Vous savez, nos musulmans ne nous créent pas de problèmes. Ils passent à l’orthodoxie. Un prêtre orthodoxe de Khoulo, en Haute Adjarie, avait une grand-mère qui était une musulmane convaincue. Or, ce prêtre vint chez moi et me dit qu’il voulait convertir sa grand-mère. Je lui suggérai : « Dis-lui que l’évêque te bénit pour devenir chrétienne ». Il transmit mes paroles à la grand-mère. Elle a réfléchi et a donné son accord de façon inattendue. Nous l’avons baptisée et maintenant, elle porte la croix avec amour.
Je me rappelle d’un hodja de Haute Adjarie aussi. Il me fit part de son problème : « J’ai trois enfants, l’un va à la mosquée, l’autre, à l’église orthodoxe, et troisième, nulle part. C’est cela qui m’inquiète le plus ». Telle est la façon de voir de la population locale.

L’islamisation de la région
-  Il ressort de cela que vos musulmans sont atypiques ?
-  Ils sont assurément atypiques. Nous avons beaucoup de prêtres venant de familles musulmanes. Il y a deux prêtres de la famille d’un mollah qui a reçu son instruction religieuse à Istanbul. Et son petit-fils est prêtre, recteur de séminaire. En général, la christianisation de la Géorgie est partie de notre diocèse,  qui est celui de l’apôtre André, dont je ne suis que le vicaire ! Ici, en Haute Adjarie, ont été conservées les ruines d’une église dédiée aux  archanges, construite par l’apôtre André. C’est la première église en Europe ! C’est précisément par l’Adjarie que les apôtres Simon et     André passèrent pour prêcher en Géorgie. Ensuite, ils vinrent ici avec Simon le Cananite et Matthieu. Le premier connut une fin de martyr près de Soukhoumi, et le second près de Batoumi (ses reliques reposent en la forteresse de Gonio, et après la fin des fouilles, nous souhaitons y  construire une église). 

 http://www.orthodoxie.com/

 

 

 


Partager cet article
Repost0
Published by Orthodoxes d'Europe - dans Le monde orthodoxe

Eglises Orthodoxes 

dans le Monde

Recherche

Orthodoxie

IMGP1078

“Jamais, jamais, jamais,

ne laissez jamais quiconque vous dire qu’afin d’être Orthodoxe, vous devez aussi être Oriental.

L’Occident a eu la pleine Orthodoxie mille ans durant, et sa vénérable Liturgie est bien plus ancienne que n’importe laquelle de ses hérésies.”

Saint Jean Maximovitch

Archives