Combien sommes nous, coptes d’Egypte? C’est la question que pose le site égyptien Ahram online à la suite des protestations de ces chrétiens
orientaux concernant leur nombre réel.
Un récent rapport des statistiques égyptiennes officielles a en effet estimé le nombre total de coptes à 5,13 millions d’individus. Un scandale pour la communauté qui revendique, elle, entre 15
et 18 millions de personnes. L’Agence Centrale pour la Mobilisation Publique et les Statistiques (Capmas) est accusée par les représentants coptes de se tromper littéralement sur la nature des
chiffres avancés: 5,13 millions représenteraient seulement le nombre de fidèles à l’étranger, et non en Egypte, selon la Coalition des Coptes d’Egypte.
Cette guerre des chiffres intervient alors qu’une Assemblée constituante est réunie pour proposer un projet de constitution aux Egyptiens dans les mois à venir. Pour la Coalition des Coptes
d’Egypte, minimiser leur nombre pourrait avoir de lourdes conséquences sur la rédaction de la constitution, et pourrait affecter le statut des chrétiens d’Egypte.
Une crainte infondée selon le porte-parole de Capmas Abu Bakr al-Gendi, qui a rappelé que tous les Egyptiens étaient égaux indépendamment de leurs appartenances religieuses, ajoutant que le
nombre de Coptes ne porte pas atteinte à leurs droits et obligations en tant que citoyens égyptiens.
La première Assemblée constituante avait été dissoute au mois d’avril 2011 par la Haute Cour qui avait alors reproché une surreprésentation des islamistes.
Le Figaro a quant à lui relevé plusieurs points de désaccords qui opposent actuellement les membres de l’Assemblée: parmi eux un article proposé par les islamistes qui prévoit de soumettre
toutes les lois égyptiennes à l’approbation de l’université al-Azhar, autorité suprême de l’islam sunnite.
«Il y a un vrai risque d’islamisation», s’est inquiété Mohammed Arafat, membre du bureau politique du parti Social-Démocrate égyptien laïc.
Pour Tewfik Akilmendos, chercheur au Collège de France, l’élection de Mohammed Morsi inquiète la communauté copte, qui avait opté pour le candidat de l’ex-régime, «seul rempart contre une
République islamique téléguidée depuis Téhéran». Depuis la prise de pouvoir des Frères musulmans, de nombreux coptes ont quitté le pays quand d’autres demeurent dans l’expactative. Ils guettent
les moindres signes d’hostilité ou de remises en cause de leurs droits. Pour Tewfik Aklimendos, le thérmomètre n’est pas au beau fixe:
«Le pouvoir en place montre son insensibilité au problème copte. Par ailleurs la course permanente entre les Frères et leur aile droite salafiste ne
rassure pas. A y regarder de près, les coptes sont absents de toutes les Institutions égyptiennes. Aucun ministre, aucun président de la presse n’est copte.»
(via Slate Afrique)